vendredi 12 avril 2019

Transformation

« But how describe the world seen without a self ? There are no words.
Blue, red — even they distract, even they hide with thickness instead of letting the light through. How describe or say anything in articulate words again ? — save that it fades, save that it undegoes a gradual transformation, becomes, vene in the course of one moves and one leaf repeats another. Loveliness returns as one looks, with all its train of phantom phrases. One breathes in and out substantial breath : down in the valley the train draws across the fields lop-eared with smoke.


           « Mais comment décrire un monde sans avoir un moi ? Il n'y a pas de mots. Bleu, rouge — même eux détournent, même eux cachent par leur épaisseur au lieu de laisser passer la lumière. Comment décrire ou dire de nouveau quoi que ce soit avec des mots articulés ? — sauf que ça s'estompe, sauf que ça se transforme progressivement, et devient, même au cours d'une brève promenade, habituel — cette scène aussi. La cécité revient à mesure qu'on se déplace et qu'une feuille en répète une autre. La beauté revient tandis qu'on regarde, avec son cortège de phrases fantômes. La respiration retrouve son souffle substantiel ; en bas dans la vallée le train traverse les champs avec ses panaches de fumée retombant en oreilles de lapin.


                               Virginia Woolf, The Waves / Les Vagues


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