vendredi 30 novembre 2018

Fossile

c'est réaliser le circuit charbonneux des conteurs   qui de raison    intensifie ma transparence   pour ne pas briller de la brûlure  toujours près du danger   j'ai emporté le cours de mon imagination    toujours dans mon sac   maquillé la douleur   précisément sous mes paupières calcaires   désiré à ce que l'on reconnaisse —— sans parler —— de l'attente —— le fossile pourvu de sens    mais rien de moi au fond



mercredi 28 novembre 2018

Forces

                                  [Camera : Ekaterina Anchevskaya]



mardi 27 novembre 2018

Positive négative





Rouge et blanc

J'ai ouvert le transistor, où passait le Beau Danube Bleu. Ce qui me ravie. Je me suis habillée, je suis descendue, j'ai acheté des fleurs, en mémoire de l'homme mort hier. Des oeillets, rouges et blancs. Comme je m'épuise à le répéter, un jour on meurt. Et l'on meurt en rouge et blanc.

                          Clarice Lispector, Passion des corps [Jour après jour]



dimanche 25 novembre 2018

Track


                                             Londres # XI.18




samedi 24 novembre 2018

Chandelle

dans le noir, sur la table blanchie, trois chandelles brûlent. La puissance de ce paysage intérieur perce mes paupières fermées. Je suis sensible à ce qui s'infiltre finement en moi mais je ne le nomme pas. De cette table vide d'objets mais envahie d'ombres, le feu tripode m'exerce aux raisons tangibles. Le filtre sensoriel à peine coloré sur les veines devient de plus en plus fin et prend l'aspect d'une corolle vermeil. Je resserre les doigts de ma main gauche et je pince le bout des premières phalanges pour considérer l'épreuve rouge. Simultanément, les flammes effilées se balancent en volutes soyeuses. Elles aussi, elles résistent. C'est le paradoxe entre le désir et une exhalaison inflammable. Ma main droite affleure la plus haute des chandelles — une figure de proue ne se consume pas



mercredi 21 novembre 2018

Transfigure




Encore

       Insensiblement  la  chambre s'éclaire d'une lumière, encore sombre.
                             
                              Marguerite Duras, La Maladie de la mort



mardi 20 novembre 2018

dimanche 18 novembre 2018

Liseuse

je m'approche familièrement de la liseuse. Avant de me tenir à elle en seuil de ma parole, je dois rompre les liens de sa lisière. Chaque lien visible est une consonance. Chaque lien caché est un contraire. L'ensemble de tous ces liens est un tremblement liquide dans lequel je me noie. Long périple sans âge. Aussi vite que se dénoue ma mort ondoyante de la ruine décomposée, aussi vite bascule mon corps vestige près de la liseuse. Je suis maintenant assise à la table des vagues littérateurs. Mes hanches flottent comme une bataille en trêve - la peau n'est plus l'étendard. Maintenant, je sens la raison nouvelle, sorte de restitution de la constitution. Je sens la raison légère. Des lettres abyssales remontent à l'air libre et tout mon corps libère l'articulation des mots détenus. Mes bras s'appuient en tête de dune contre le bois de la liseuse et mes jambes épousent la brise sous sa coupe. Mais je ressasse les mots expirés de cette reconnaissance anatomique d'une table.
Des ombres sibyllines narguent mon souffle



jeudi 15 novembre 2018

Forest ( poudrée à blanc )





                                                                                                                                forest # 01│02│03





mercredi 14 novembre 2018

Notes

[...] ce qu'on a pu jadis appeler la musique des sphères, cet écho lumineux, ce chant des nerfs, voilà ce qui percute le sein du Sujet : toutes les variations et cadences musicales des passions, le chiffre de l'envie, du respect, du dégoût, de la crainte, de la puissance, de la servilité, réels, c'est-à-dire saisis au lieu de leur irradiation grammatique ; car la passion est cette activité sans volition qui charge les phrases de leurs maux, par homophonie, certes, mais aussi parce que la phrase n'est jamais qu'un tronc dans la syntaxe de notre dépense. L'envie, le respect, l'amour, etc... ne sont jamais que les noms des notes naturelles, entendues dans leur discordance.

                                       Hélène Cixous, Neutre


dimanche 11 novembre 2018

Conte





vendredi 9 novembre 2018

traverse


   garde-toi des longues escalades, des appels volubiles au bout du faîte
         mais quand tu t'accroches au miroir, accueille le souffle qui te traverse


Out-in




J'ai

le ciel est trop grand ici cela donne de la peur le soleil se perd le vent aussi brode des nuages j'ai un doute sur ma vie j'étais morte et encore vivante j'ai été toute refaite plusieurs fois on n'est pas assez protégé par les vitres

                            Katherine L.Battaiellie, la robe de mariée


jeudi 8 novembre 2018

Le puits ( ma rencontre pourpre )




Châle


Femme, tu gonfles tes châles comme des voiles,
Et le mystère grandit,
Isolée comme le pin et sa cime
Bienheureuse, ombrée de nuit.

Je demande, comme si j'interrogeais une âme
Défunte qui des lèvres a goûté aux racines:
Femme, que portes-tu sous ton châle ?
— L'avenir !

          Marina Tsvetaeva, Après la Russie
          [sous le châle - 8 novembre 1924]



samedi 3 novembre 2018

Chance





Dedans

Je suis évasive, j'ai un peu froid. Je me couvre d'un manteau large en lainage doublé de satin. J'écris la sensation puis j'efface. Mais je reviens aux vertiges passés, à l'évidence, comme une matière diffuse dans ce manteau d'emprunt. Ce manteau n'est pas à moi, je dois le découvrir pour aussi me découvrir. Mais dedans, je reste encore. Je ne veux pas savoir que les plis des armures sont imprescriptibles



jeudi 1 novembre 2018

Les chrysanthèmes ( au coeur ouvert )





                         
                               les chrysanthèmes # 01│02│03




Contre

Dans le silence immobile, leurs voix s'aiguisaient l'une contre l'autre,
                                  disant toujours les mêmes phrases
                                       
                               Carson McCullers, Frankie Addams