« Elle, dans la chambre, elle dort. Elle dort. Vous [le vous implacable qui soit constate, soit maintient l'homme auquel il est adressé dans une obligation précédant toute loi] ne la réveillez pas. Le malheur grandit dans la chambre en même temps que s'étend son sommeil ... Elle se tient toujours dans un sommeil égal ... » —————— Maurice Blanchot, La Communauté inavouable
vendredi 25 janvier 2019
Petit
J'ai les bras douloureux et alanguis
par un désir inepte d'étreindre
quelque chose de vivant, que je sens
plus petit que moi
Antonia Pozzi, Solitude
par un désir inepte d'étreindre
quelque chose de vivant, que je sens
plus petit que moi
Antonia Pozzi, Solitude
mercredi 23 janvier 2019
Armée
peut-être parce que je suis née pour rester en moi au lieu de vivre le passé sert de branche sur laquelle j'observe le présent dès l'aube j'oppose les sens perdre et garder la vue d'une histoire à la hauteur je me fonds à l'écorce de mon semblable — comme ça — je cache les paupières cristallisées par le rêve d'enfant des yeux couleur armée
dimanche 20 janvier 2019
Chair
Elena, assise au milieu de ses horoscopes, avec des étoiles noires au-dessus de sa tête, des étoiles qui se frayent un chemin dans sa chair, sa chair dorée par le soleil [...] Elena, qui me dit qu'elle va me peindre en Daphné se métamorphosant en plante. Elena qui reprend exactement mes mots : « Il y a tant de gens qui disent des choses que je n'entends pas, et dont je ne me souviens pas.»
Anaïs Nin, Le feu
[20 janvier 1937]
Anaïs Nin, Le feu
[20 janvier 1937]
vendredi 18 janvier 2019
Fragile
il faut partir où aller par la beauté et par les signes comme une longue phrase inapprochable muette la poudre cendrée infime des entrailles sortir du décor tissé de pierres tailler l'ouverture après la série de nouages mais avant écouter le râle des illusions vermeilles imprenable brûlure lire la citation et la main du regard ce que nous ne pouvons écrire elle devenue sans l'autre — revenante ou telle — quelques feuilles patientes dans une cavité et son récit fragile
mercredi 16 janvier 2019
Nord
mein Kleid erregt Spott und Gelach
mich bedecken Nordlicht und Stern
ma robe suscite une railleuse allégresse
seules me couvrent la lumière du Nord et son étoile
Helga M. Novak, von sehr großer Not / d'une très grande détresse
mich bedecken Nordlicht und Stern
ma robe suscite une railleuse allégresse
seules me couvrent la lumière du Nord et son étoile
Helga M. Novak, von sehr großer Not / d'une très grande détresse
mardi 15 janvier 2019
dimanche 13 janvier 2019
Corps
j'aime le matin c'est une image récurrente qui le rend visible c'est aussi le corps encore allongé quand la nuit reste encore un peu la rondeur de la pénombre lovée au nouveau jour un pan de liberté gonflé de mélancolie les bras levés les mains en tête de cygne une absence arpentée près du cou la contradiction de l'imagination là où il y a l'oubli du jeu la réalité consistante à l'esprit le mince symbole manifeste chacun de nous dans la mesure d'ombre et de lumière et l'immensurable bruissant à l'épreuve quand chasser l'onde livide par les palmes exprimées la nuit le corps le matin toujours à sa place a son habitude
vendredi 11 janvier 2019
Turbulence
la turbulence en soi serait comme porter des pensées dissidentes à demi-mot s'entendre partir mais partir plus près de soi ou bien s'entrelacer s'entrelacer doublement au rythme danser au mot près à la dérive
mercredi 9 janvier 2019
L'oeil
[...] elle voit encore la porte à deux battants, mais ce qu'elle ne voit pas, c'est que les battants ne veulent pas jouer avec elle, qu'un battant de la porte s'élance sur elle, et à la fin elle pense, tandis qu'elle est projetée sous une grêle de verre brisé et que grandit la sensation de chaleur provoquée par le choc et le sang qui jaillit de sa bouche et de son nez : Ayez à l'oeil ce qui vous tient à coeur.
Ingeborg Bachmann, Trois sentiers vers le lac
[Les yeux du bonheur - Georg Groddeck in memoriam]
Ingeborg Bachmann, Trois sentiers vers le lac
[Les yeux du bonheur - Georg Groddeck in memoriam]
samedi 5 janvier 2019
Limpide
laissée froide par l'eau de neige la nuit blanche du rêve compose l'air impassible de la lampe à côté d'elle les rythmes et les silences vont de pair ce qui s'écoule de l'espace n'est pas le temps mais après l'heure attendue le retard éclaire les mots allongés se noient dans l'oubli longuement est une paresse comme l'hiver est une dispute limpide avec la lumière
mercredi 2 janvier 2019
Chaque
À chaque ligne : « Halte ! »
À chaque point ― trésor !
Oeil ― lueur ! En toi, ma place :
Je m'installe, me dissous
En tristesse ... en guitare :
Je m'accorde,
Je m'ajuste.
Marina Tsvetaeva, Après la Russie
[22 janvier 1925]
À chaque point ― trésor !
Oeil ― lueur ! En toi, ma place :
Je m'installe, me dissous
En tristesse ... en guitare :
Je m'accorde,
Je m'ajuste.
Marina Tsvetaeva, Après la Russie
[22 janvier 1925]
mardi 1 janvier 2019
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