sur les lèvres sèches les lettres espacées leur enveloppe nue dans le fond des traits imagés sous l'orage d'hier une promesse incolore entre quatre murailles l'obsession oblongue aux premières lueurs de conscience les failles se referment l'origine parvenue au e dans le o
« Elle, dans la chambre, elle dort. Elle dort. Vous [le vous implacable qui soit constate, soit maintient l'homme auquel il est adressé dans une obligation précédant toute loi] ne la réveillez pas. Le malheur grandit dans la chambre en même temps que s'étend son sommeil ... Elle se tient toujours dans un sommeil égal ... » —————— Maurice Blanchot, La Communauté inavouable
lundi 31 décembre 2018
samedi 29 décembre 2018
Réverbération
et en un frisson tout me prendre c'est l'expérience que font les funambules être une gelée poudreuse en soi et débordante sur le fil de nylon que tend la voix réverbération en série de sauts de tout le corps le temps indique la nuit lumineuse et l'imprévisible j'étais le désordre sans filet affectif je suis sans répertoire
vendredi 28 décembre 2018
Bang
j'ai écouté les yeux fermés ————— le mur du son me traverser
l'amande fraîche de mon oeil décline
mercredi 26 décembre 2018
Voyelles
O — Un brouillard troublant diffus
A la ronde peine l'Elan vital mais la main pleine
Ardente
— l'Esprit soulève les heures duelles forge l'Immanence
Enfin une transition
O c'est l'Insolence des lieux repliés où meurent les vieux mots
Un jour je suis une Autre une Aimable vérité
l'Autre nuit où je suis lanterne — je transparais
Infime photographie pour que sanglote le charme rayon Ultra-violet
O est l'Indéfini sur mon ventre le grain d'une ébauche Incompréhensible
Une grimace dans le miroir l'Inconnu vient et trébuche à mes yeux
Aux Entrailles se dénote le poème éprouvé de Rimbaud
A la ronde peine l'Elan vital mais la main pleine
Ardente
— l'Esprit soulève les heures duelles forge l'Immanence
Enfin une transition
O c'est l'Insolence des lieux repliés où meurent les vieux mots
Un jour je suis une Autre une Aimable vérité
l'Autre nuit où je suis lanterne — je transparais
Infime photographie pour que sanglote le charme rayon Ultra-violet
O est l'Indéfini sur mon ventre le grain d'une ébauche Incompréhensible
Une grimace dans le miroir l'Inconnu vient et trébuche à mes yeux
Aux Entrailles se dénote le poème éprouvé de Rimbaud
mardi 25 décembre 2018
Comme
Les faits convergent comme des signes, et les désordres du multiple se rangent comme les chapitres d'une histoire. L'imprévisible est prophétique, le conséquent est destiné. Des bouts de chemin insensés décrivent des cartes oraculaires. Les gouttes d'eau dans la mer se reconnaissent comme des soeurs. Plus elles se désassemblent et plus leur multitude les fond dans l'indistincte matière de l'océan.
L'intimité multiplie les miroirs, la solitude nous noie.
Emmanuelle Rousset, L'idéal chaviré
L'intimité multiplie les miroirs, la solitude nous noie.
Emmanuelle Rousset, L'idéal chaviré
dimanche 23 décembre 2018
samedi 22 décembre 2018
Écoute
passée par la lande du sentiment initial la passion en torpille des bras tendus jusqu'à la pointe des pieds sabre les sens en éclats je m'ouvre [ne m'écoute pas] derrière le coeur il y a des coïncidences électrisées l'illusion de la profondeur a ciselé le langage mes mains sentent le santal des mots décousus allusion tout près de ma bouche mon nom affleure la compagne aveugle il la regarde [ne m'écoute pas] l'autre nom veut l'étreinte des points cardinaux la compagne est au soir seulement elle imagine passée par un semblant de lumière
Nor
Maternal still,
without the caress that holds back flight
nor tenderness that traps,
nor submission and giving in, that little by little, smothers
Claudia Lars, Sketch of the woman of the future
without the caress that holds back flight
nor tenderness that traps,
nor submission and giving in, that little by little, smothers
Claudia Lars, Sketch of the woman of the future
mercredi 19 décembre 2018
Doucement
alors les bruits sourds font les échos on s'égratigne mais ça ne se voit pas les fleurs se cristallisent dans les embruns on conjugue le sort au nouveau monde toutes les images animées hurlent quand les pages se tournent les femmes ôtent doucement leur chemise à l'heure fixe du sommeil on se tient encore là dans nos yeux qui ne se voient pas et les hommes lisent ce qu'ils veulent savoir
dimanche 16 décembre 2018
— Con - traire
— Con - traire ! dit une voix argentine ; et pour la troisième fois.
Souvenez-vous-en, ou je vous tire les cheveux.
— Con - traire, reprit l'autre voix avec application.
Et maintenant, embrassez-moi pour récompenser mes efforts.
— Non, relisez d'abord tout cela correctement, sans une faute.
Emily Brontë, Wuthering Heights
Souvenez-vous-en, ou je vous tire les cheveux.
— Con - traire, reprit l'autre voix avec application.
Et maintenant, embrassez-moi pour récompenser mes efforts.
— Non, relisez d'abord tout cela correctement, sans une faute.
Emily Brontë, Wuthering Heights
vendredi 14 décembre 2018
Antichambre
quelle candeur, quelle épreuve [...] quelle répétition sonore quand la lune fuit
au dessus des points de vue comme un oiseau planeur
jeudi 13 décembre 2018
mercredi 12 décembre 2018
Plus
Je sentais remonter les aspects les plus impatients,
les plus belliqueux de ma personnalité.
Patti Smith, Glaneurs de rêves / Woolgathering
les plus belliqueux de ma personnalité.
Patti Smith, Glaneurs de rêves / Woolgathering
jeudi 6 décembre 2018
Réalité
en tours d'émoi à dépasser l'image la Réalité je m'échine mal entendue passablement l'indifférence du lieu rauque sous le pont d'écriture ma voix se baigne dans le vent prend feu à chaque marge entamée et la sueur vernie à m'en faire la peau j'ai dévoré toute la qualité d'amour
mercredi 5 décembre 2018
Bataille
Elle sait qu'elle accepte de ressentir avec violence la détresse pour sentir l'exaltation qui lui succède. L'une ne peut être séparée de l'autre. Le poète d'un pays célèbre pour ses cèdres l'a écrit avant elle.
C'est ce qu'elle comprend d'elle : le texte naît de la bataille contre l'enlisement dans le désespoir ; le livre s'origine dans le noir, se compose la nuit, dans son lit et dans le silence, avec l'espoir de faire une différence.
Mary Dorsan, Une passion pour le Y
C'est ce qu'elle comprend d'elle : le texte naît de la bataille contre l'enlisement dans le désespoir ; le livre s'origine dans le noir, se compose la nuit, dans son lit et dans le silence, avec l'espoir de faire une différence.
Mary Dorsan, Une passion pour le Y
lundi 3 décembre 2018
dimanche 2 décembre 2018
Petite
c'est la colère sans cesse c'est la colère qui vieillit. Petite elle prit le jour qui se coucha elle se réveilla essentielle à la nuit écourtée à la vie à la rime des impasses au coeur épais qui cacha le souffle. Petite mais éprise des mots qui bercent la colère ces mots vus dans les yeux levés vers les yeux mêmes du goût de l'autre et par de-dans l'échappée comme les adolescents dévoreurs les ventres pleins d'eau de suave de lambeaux aussi. Petite sans cesse une suite d'étreintes des parallèles sans âge et le vertige suivant le tourbillon
vendredi 30 novembre 2018
Fossile
c'est réaliser le circuit charbonneux des conteurs qui de raison intensifie ma transparence pour ne pas briller de la brûlure toujours près du danger j'ai emporté le cours de mon imagination toujours dans mon sac maquillé la douleur précisément sous mes paupières calcaires désiré à ce que l'on reconnaisse —— sans parler —— de l'attente —— le fossile pourvu de sens mais rien de moi au fond
mercredi 28 novembre 2018
mardi 27 novembre 2018
Rouge et blanc
J'ai ouvert le transistor, où passait le Beau Danube Bleu. Ce qui me ravie. Je me suis habillée, je suis descendue, j'ai acheté des fleurs, en mémoire de l'homme mort hier. Des oeillets, rouges et blancs. Comme je m'épuise à le répéter, un jour on meurt. Et l'on meurt en rouge et blanc.
Clarice Lispector, Passion des corps [Jour après jour]
Clarice Lispector, Passion des corps [Jour après jour]
dimanche 25 novembre 2018
samedi 24 novembre 2018
Chandelle
dans le noir, sur la table blanchie, trois chandelles brûlent. La puissance de ce paysage intérieur perce mes paupières fermées. Je suis sensible à ce qui s'infiltre finement en moi mais je ne le nomme pas. De cette table vide d'objets mais envahie d'ombres, le feu tripode m'exerce aux raisons tangibles. Le filtre sensoriel à peine coloré sur les veines devient de plus en plus fin et prend l'aspect d'une corolle vermeil. Je resserre les doigts de ma main gauche et je pince le bout des premières phalanges pour considérer l'épreuve rouge. Simultanément, les flammes effilées se balancent en volutes soyeuses. Elles aussi, elles résistent. C'est le paradoxe entre le désir et une exhalaison inflammable. Ma main droite affleure la plus haute des chandelles — une figure de proue ne se consume pas
mercredi 21 novembre 2018
Encore
Insensiblement la chambre s'éclaire d'une lumière, encore sombre.
Marguerite Duras, La Maladie de la mort
Marguerite Duras, La Maladie de la mort
mardi 20 novembre 2018
dimanche 18 novembre 2018
Liseuse
je m'approche familièrement de la liseuse. Avant de me tenir à elle en seuil de ma parole, je dois rompre les liens de sa lisière. Chaque lien visible est une consonance. Chaque lien caché est un contraire. L'ensemble de tous ces liens est un tremblement liquide dans lequel je me noie. Long périple sans âge. Aussi vite que se dénoue ma mort ondoyante de la ruine décomposée, aussi vite bascule mon corps vestige près de la liseuse. Je suis maintenant assise à la table des vagues littérateurs. Mes hanches flottent comme une bataille en trêve - la peau n'est plus l'étendard. Maintenant, je sens la raison nouvelle, sorte de restitution de la constitution. Je sens la raison légère. Des lettres abyssales remontent à l'air libre et tout mon corps libère l'articulation des mots détenus. Mes bras s'appuient en tête de dune contre le bois de la liseuse et mes jambes épousent la brise sous sa coupe. Mais je ressasse les mots expirés de cette reconnaissance anatomique d'une table.
Des ombres sibyllines narguent mon souffle
Des ombres sibyllines narguent mon souffle
jeudi 15 novembre 2018
mercredi 14 novembre 2018
Notes
[...] ce qu'on a pu jadis appeler la musique des sphères, cet écho lumineux, ce chant des nerfs, voilà ce qui percute le sein du Sujet : toutes les variations et cadences musicales des passions, le chiffre de l'envie, du respect, du dégoût, de la crainte, de la puissance, de la servilité, réels, c'est-à-dire saisis au lieu de leur irradiation grammatique ; car la passion est cette activité sans volition qui charge les phrases de leurs maux, par homophonie, certes, mais aussi parce que la phrase n'est jamais qu'un tronc dans la syntaxe de notre dépense. L'envie, le respect, l'amour, etc... ne sont jamais que les noms des notes naturelles, entendues dans leur discordance.
Hélène Cixous, Neutre
Hélène Cixous, Neutre
dimanche 11 novembre 2018
vendredi 9 novembre 2018
traverse
garde-toi des longues escalades, des appels volubiles au bout du faîte
mais quand tu t'accroches au miroir, accueille le souffle qui te traverse
J'ai
le ciel est trop grand ici cela donne de la peur le soleil se perd le vent aussi brode des nuages j'ai un doute sur ma vie j'étais morte et encore vivante j'ai été toute refaite plusieurs fois on n'est pas assez protégé par les vitres
Katherine L.Battaiellie, la robe de mariée
Katherine L.Battaiellie, la robe de mariée
jeudi 8 novembre 2018
Châle
Femme, tu gonfles tes châles comme des voiles,
Et le mystère grandit,
Isolée comme le pin et sa cime
Bienheureuse, ombrée de nuit.
Je demande, comme si j'interrogeais une âme
Défunte qui des lèvres a goûté aux racines:
Femme, que portes-tu sous ton châle ?
— L'avenir !
Marina Tsvetaeva, Après la Russie
[sous le châle - 8 novembre 1924]
samedi 3 novembre 2018
Dedans
Je suis évasive, j'ai un peu froid. Je me couvre d'un manteau large en lainage doublé de satin. J'écris la sensation puis j'efface. Mais je reviens aux vertiges passés, à l'évidence, comme une matière diffuse dans ce manteau d'emprunt. Ce manteau n'est pas à moi, je dois le découvrir pour aussi me découvrir. Mais dedans, je reste encore. Je ne veux pas savoir que les plis des armures sont imprescriptibles
jeudi 1 novembre 2018
Contre
Dans le silence immobile, leurs voix s'aiguisaient l'une contre l'autre,
disant toujours les mêmes phrases
Carson McCullers, Frankie Addams
disant toujours les mêmes phrases
Carson McCullers, Frankie Addams
mercredi 31 octobre 2018
Île
Ce n'est pas vraiment l'attente qui va, au fond, résonner dans le bassin miroitant. Ce n'est pas en soi le limon qui appelle les vagues. Mais qu'est-ce que cet écho long, quand le bruit de la pluie vient presser son corps de signes - comme une empreinte torrentielle - sur le souvenir dans la maison ? La profondeur des choses qui marque le temps sur un quai ou comme le drapé imprévu d'une descente de lit
vendredi 26 octobre 2018
dimanche 21 octobre 2018
Large
Du corps de la Terre monte une lointaine plainte... Comme toujours, il y a un oiseau qui s'enfuit. Et elle, haletante, se fend soudain dans un fracas d'une large blessure... Large comme l'océan Atlantique et non comme un fleuve en folie ! Et à chaque cri, elle vomit du limon à gros bouillons.
Alors le soleil redresse le torse et se dresse tout entier, puissant, sanglant. Silence, amis. Grands et nobles amis, vous allez assister à une lutte millénaire. Silence. S-s-s-s...
Clarice Lispector, La belle et la bête [Le délire]
samedi 20 octobre 2018
mercredi 17 octobre 2018
Autant
Mit den Wörtern im Mund zertreten wir so viel wie mit den Füßen im Gras.
[Les mots de notre bouche écrasent autant de choses que nos pieds dans l'herbe.]
Herta Müller, Herztier / Animal du coeur
samedi 13 octobre 2018
mercredi 10 octobre 2018
Fer
parler de la distance infernale entre le premier jour et le jour retrouvé,
fendre l'armure comme une sidération longue de l'avant à l'après
—— pour un " non " de femme autre pour un " entendu " en retour
il est possible qu'une erreur se métamorphose en contre-jour
dimanche 7 octobre 2018
samedi 6 octobre 2018
Langage
« ... tiens-toi seulement aux règles de la légende ! » a-t-elle pensé
je ne sais pas me tenir à la mesure, je n'ai pas retenu le verbe
mercredi 3 octobre 2018
Féminité
qu'est-ce que la féminité, est-ce qu'on l'exprime en la couvrant ?
est-ce qu'on l'explique seulement par des caractères ?
— souvent, j'écoute des mots connus mais passés
dimanche 30 septembre 2018
Prémices
Première fois d'un coeur désert où il ne pleut plus.
Claire voie où je suis seule dans la chambre.
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