« Elle, dans la chambre, elle dort. Elle dort. Vous [le vous implacable qui soit constate, soit maintient l'homme auquel il est adressé dans une obligation précédant toute loi] ne la réveillez pas. Le malheur grandit dans la chambre en même temps que s'étend son sommeil ... Elle se tient toujours dans un sommeil égal ... » —————— Maurice Blanchot, La Communauté inavouable
mercredi 27 février 2019
Volute
je sais l'ombre descendante je sais l'éclat net au beau milieu d'un passage ce qui arrive à la surface quand il a plu dans la lumière des jours fébriles regarder la faille jusqu'au déchirement des heures chiffrées qui s'effacent derrière la ligne d'horizon une volute en trajectoire ni trace blanche ni corps modelé à la sortie
vendredi 22 février 2019
Double
Oublie-moi en passante sur les lattes d'une clôture n'entends-tu pas la musique du silence parcourir tes organes ? j'étais morte sur images dans un écrin de souvenirs dedans l'air était aride en manque de mots je bruissais d'illusions depuis les fantômes chancellent aux yeux d'une mise au monde à la sortie d'une prison de la parole les choses sèches s'enveloppent d'un peu de chaux il y a une longue allée qui consiste toujours à sentir je passe à toi-même à toi et en moi-même à la source les nuits d'azur s'étirent en double
dimanche 17 février 2019
Gentiment
Notre chat aux yeux malicieux,
Assis en forêt sur un tronc,
La pipe au bec et canne en main.
Deux jours. Trois nuits.
Invitait les enfants à lire.
Celui qui ne savait pas lire,
Il le tirait par les cheveux.
Mais celui qui pouvait comprendre,
Il le caressait gentiment.
Plus un seul jour. Plus une seule nuit.
Sofi Oksanen, Purge
Assis en forêt sur un tronc,
La pipe au bec et canne en main.
Deux jours. Trois nuits.
Invitait les enfants à lire.
Celui qui ne savait pas lire,
Il le tirait par les cheveux.
Mais celui qui pouvait comprendre,
Il le caressait gentiment.
Plus un seul jour. Plus une seule nuit.
Sofi Oksanen, Purge
jeudi 14 février 2019
mercredi 13 février 2019
Séance
ce n'est pas seulement le bruit métallique d'une résistance qui heurte une résonance sur la porte il y a des broderies de paroles au fil de fer qui chahutent quand on tend l'oreille quelque chose fait écho par ce soulèvement d'arabesques l'image tourne et retourne comme un sautoir de perles sanguines qui dans sa tourmente souligne un fer de lance l'onde acoustique entre dans son origine traverse le coeur épais on entend des nuits entières de silence mais ce qui est or rouge chuchote dans ses sillons on répète des nuits entières de silence et de sursis dans une poignée en lambeaux encore elle s'assourdit de tout ce vacarme sentimental
samedi 9 février 2019
Man
Als Frau weiß man, wie man heute aussieht.
Une femme sait tous les jours à quoi elle ressemble.
Herta Müller, Heute wär ich mir lieber nicht begegnet / La convocation
Une femme sait tous les jours à quoi elle ressemble.
Herta Müller, Heute wär ich mir lieber nicht begegnet / La convocation
vendredi 8 février 2019
Incomplétude
un air de balade insufflé par une conjuration mais ni envoûtement ni allure d'influence un air en marge de soi clairement la poésie se frayait un nouveau lieu c'était un matin encore ardoise le chant habité de l'oiseau revenait à la même place qu'il s'était fait sur le ramage conditionnel de l'arbre
― une évidence ? ― non !
quelque chose se transportait par la lecture aérée de l'incomplétude un quartier de lune maudit avait ri au nez des astres le temps d'une absence un souffle conscient se découvrait c'était un fait indicible à une heure crayeuse contre toute attente sur le tableau noir de l'expérience
― une évidence ? ― non !
quelque chose se transportait par la lecture aérée de l'incomplétude un quartier de lune maudit avait ri au nez des astres le temps d'une absence un souffle conscient se découvrait c'était un fait indicible à une heure crayeuse contre toute attente sur le tableau noir de l'expérience
dimanche 3 février 2019
Vases
Though her lips are vague as fancy
In her youth ―
They bloom vivid and repulsive
As the truth
Even vases in the making
Are uncouth.
Si ses lèvres ont le vague d'un songe
De jeunesse ―
Elles fleurissent vives et répulsives
Comme le vrai.
Les vases aussi quand on les fait
Sont grossiers.
Djuna Barnes, Seen From the " L" / Vue depuis l' "L"
In her youth ―
They bloom vivid and repulsive
As the truth
Even vases in the making
Are uncouth.
Si ses lèvres ont le vague d'un songe
De jeunesse ―
Elles fleurissent vives et répulsives
Comme le vrai.
Les vases aussi quand on les fait
Sont grossiers.
Djuna Barnes, Seen From the " L" / Vue depuis l' "L"
samedi 2 février 2019
vendredi 1 février 2019
Fièvre
tu quitteras mon paysage tu ne lui emprunteras plus ni l'air ni l'odeur pas le moindre petit passage de jeu dans le nectar d'une terre dans le délire de l'horizon les heures froides ruissellent tu te couvriras du sang-mot sur une route plus accidentée que mon usine à lettres la vitesse au corps dévorera la veine de ton costume d'homme tu disparaîtras de ton cortège mirage sous ton lampadaire malade il ne restera que des vers blancs réprimés comme toutes les infimes lucioles de la folie l'énergie de la nuit délirée aussi les petits silences entrelacés dans l'écriture tu liras une dernière fois la jonction en rafales tu légitimeras la Femme-sans-tête la fièvre vire au bleu mauve
Inscription à :
Articles (Atom)